Les relations tendues entre la République démocratique du Congo et le Rwanda pourraient connaître un tournant majeur. Un projet d’accord de paix, négocié en toute discrétion à Washington, ouvre la voie à une possible trêve entre les deux voisins, engagés depuis des années dans une spirale de méfiance et d’affrontements armés, notamment dans la région instable du Nord-Kivu.
Des représentants des deux pays se sont retrouvés dans la capitale américaine pour des pourparlers soutenus par les autorités qataries, qui ont par ailleurs mené des discussions parallèles avec les représentants du groupe rebelle M23, régulièrement accusé d’être soutenu par Kigali. Ce processus, mené loin des regards, semble avoir franchi une étape décisive.
Selon une source diplomatique américaine, les délégations rwandaise et congolaise ont convenu d’un texte préliminaire, qui devra être formellement signé le 27 juin. Cette signature pourrait être suivie d’un sommet réunissant le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, marquant ainsi un signal fort en faveur d’une désescalade régionale.
Ce rapprochement inattendu est né d’une dynamique impulsée par l’ancien président américain Donald Trump. Soucieux de garantir un accès sécurisé aux ressources stratégiques du Congo, son administration aurait accepté de jouer les médiateurs à la suite d’une proposition de Kinshasa, désireux de sécuriser des investissements américains dans le secteur minier en échange d’un appui diplomatique face aux avancées rebelles.
Depuis plusieurs mois, les insurgés du M23 ont multiplié les conquêtes dans l’est congolais, mettant la main sur des zones riches en or, étain et coltan, et menaçant directement les centres urbains majeurs tels que Goma et Bukavu. La pression militaire croissante et les implications régionales de ce conflit ont contribué à accélérer les tractations diplomatiques.
Le projet d’accord prévoirait notamment le retrait progressif des troupes étrangères présentes illégalement sur le sol congolais — une allusion transparente à la présence militaire rwandaise aux côtés des rebelles —, ainsi que le désarmement et l’intégration encadrée de groupes armés non étatiques dans le cadre d’un processus de stabilisation.
Par ailleurs, un volet économique accompagne ce dispositif : Washington, via la Société financière internationale pour le développement (DFC), s’apprête à injecter des capitaux dans l’exploitation et la transformation locale de minerais tels que le cuivre, le cobalt et le lithium. L’objectif est de renforcer les chaînes d’approvisionnement occidentales et de limiter l’influence chinoise, dominante jusqu’ici dans le secteur.
En parallèle, un second accord serait en cours de négociation entre Kinshasa et l’administration Trump, portant spécifiquement sur les minerais critiques. Ce partenariat pourrait offrir à Washington un levier stratégique durable tout en renforçant l’engagement des États-Unis pour une paix durable dans la région.
Sur le terrain, plus de 100 groupes armés restent actifs dans l’est de la RDC, rendant toute avancée fragile. Toutefois, si les engagements annoncés se traduisent en actes, cette initiative pourrait marquer un tournant rare dans l’histoire des efforts de pacification du bassin des Grands Lacs.
Le texte en préparation prévoit également des mécanismes de suivi sécuritaire, l’accompagnement du retour des déplacés internes, et l’instauration d’un cadre de coopération économique régionale, éléments jugés essentiels par les partenaires internationaux pour éviter un nouvel enlisement.
La Rédaction
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