Kinshasa, 25 juillet 2025 — Alors que les flambées de rougeole et de choléra se propagent à grande vitesse en République démocratique du Congo, l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme sur une situation sanitaire de plus en plus critique, aggravée par une insécurité persistante et une grave pénurie de vaccins.
Depuis le début de l’année, la RDC fait face à une progression fulgurante de plusieurs foyers épidémiques. Plus de 36 000 cas suspects de rougeole et au moins 565 décès ont été recensés dans presque toutes les 26 provinces du pays. Le choléra, quant à lui, a déjà touché plus de 33 800 personnes et causé 757 décès, selon un rapport publié mercredi par MSF.
Ces chiffres surviennent dans un contexte marqué par une dégradation continue du système de santé. « L’ampleur des besoins dépasse largement les capacités actuelles de réponse. Nous faisons face à une absence prolongée de vaccins essentiels, en particulier ceux contre la rougeole et le choléra », avertit Emmanuel Lampaert, coordinateur des opérations pour MSF en RDC. Il redoute même une rupture imminente des vaccins nécessaires aux campagnes de vaccination de routine.
Face à l’urgence, l’organisation humanitaire a multiplié ses interventions au cours du premier semestre. Plus de 20 missions ont été déployées à travers le pays pour soutenir les efforts du ministère de la Santé. Résultat : 437 000 enfants ont été vaccinés contre la rougeole et plus de 5 400 patients traités. Concernant le choléra, près de 12 800 cas ont été pris en charge et quelque 11 000 personnes ont pu être vaccinées.
Mais malgré ces efforts, l’efficacité des campagnes reste limitée. Les zones les plus touchées sont également les plus difficiles d’accès en raison de l’instabilité sécuritaire persistante. Dans les territoires de Bambo et Masisi, situés dans la province du Nord-Kivu, les opérations de vaccination ont été interrompues à plusieurs reprises à cause des affrontements entre groupes armés. D’autres régions, bien qu’épargnées par les violences, subissent aussi les conséquences logistiques liées à la fermeture prolongée des aéroports de Bukavu et Goma — points névralgiques de la distribution vaccinale dans l’Est du pays.
Cette paralysie du réseau de transport aérien a entraîné un tarissement rapide des stocks en provenance de Kinshasa, exacerbant encore davantage la vulnérabilité des populations.
Dans ce contexte tendu, MSF appelle à une mobilisation urgente des acteurs nationaux et internationaux. « Il est impératif de garantir un accès sécurisé aux zones touchées et de rétablir les couloirs humanitaires aériens vers l’Est. La réouverture des aéroports de Goma et Bukavu est une priorité absolue », insiste Emmanuel Lampaert.
Alors que les flambées épidémiques menacent désormais d’échapper à tout contrôle, l’inaction pourrait avoir des conséquences sanitaires dramatiques pour des millions de Congolais, préviennent les humanitaires.
La Rédaction
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