Washington, 2 juillet 2025 – Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a validé la première revue du programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de la République démocratique du Congo (RDC), ouvrant la voie à un décaissement immédiat de 261,9 millions de dollars. Cette somme, destinée à renforcer les réserves internationales du pays, porte à 523,4 millions de dollars le total des financements accordés dans le cadre de cet accord conclu en janvier 2025.
Une économie résiliente face à l’instabilité
Malgré un contexte sécuritaire tendu, marqué par une intensification du conflit dans l’est du pays, l’économie congolaise a affiché une croissance soutenue, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) estimée à 6,5 % en 2024. Cette dynamique est principalement attribuée à la robustesse du secteur extractif. Parallèlement, l’inflation poursuit sa décrue : de 23,8 % fin 2023, elle est tombée à 11,7 % fin 2024, et à environ 8,5 % en juin 2025.
L’amélioration de la balance extérieure, soutenue par la réduction du déficit courant et l’accumulation continue de réserves, illustre les efforts de stabilisation macroéconomique engagés par les autorités congolaises.
Objectifs partiellement atteints
Si plusieurs critères de performance ont été respectés, certains objectifs quantitatifs fixés par le programme ont été manqués. Le déficit budgétaire intérieur s’est établi à 0,8 % du PIB en 2024, au-dessus du plafond de 0,3 %, en raison de dépenses exceptionnelles liées à la sécurité et à l’investissement public.
La Banque centrale du Congo (BCC) n’a pas non plus atteint l’objectif relatif à ses avoirs en devises, conséquence de recettes fiscales en devises plus importantes que prévu. Toutefois, des mesures correctives ont été mises en œuvre, permettant au FMI de valider une dérogation pour ces manquements, jugés temporaires.
Des perspectives prudentes
Lors de la réunion du Conseil, le directeur général adjoint du FMI, Kenji Okamura, a salué les efforts de Kinshasa pour maintenir la stabilité macroéconomique en dépit des chocs. Il a toutefois rappelé les risques importants pesant sur les perspectives économiques, notamment la persistance des violences à l’est, la baisse de l’aide humanitaire internationale et l’environnement économique mondial incertain.
M. Okamura a également souligné la nécessité de poursuivre les réformes pour renforcer la mobilisation des recettes, améliorer l’exécution budgétaire et renforcer la gouvernance.
Une politique monétaire rigoureuse
La BCC a poursuivi une politique monétaire restrictive, contribuant à ramener l’inflation à un chiffre pour la première fois depuis trois ans. L’institution a également poursuivi ses efforts d’accumulation de réserves internationales et s’attache à affiner ses outils d’intervention sur le marché des changes.
Le FMI encourage les autorités congolaises à consolider ces progrès en accélérant les réformes structurelles, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, d’amélioration du climat des affaires, de gouvernance et de transparence. L’objectif affiché : asseoir les fondations d’une croissance inclusive et durable, tout en préparant la mise en œuvre du programme de résilience et de viabilité (RSF), approuvé au début de l’année.
Un contexte budgétaire sous tension
La pression exercée par les besoins sécuritaires devrait maintenir un déficit budgétaire supérieur aux prévisions en 2025. Néanmoins, les projections tablent sur un retour à la discipline budgétaire dès 2026, grâce à des mesures fiscales ciblées et à un plan d’urgence déjà activé pour faire face à d’éventuels chocs.
Données économiques clés (2023–2026)
Indicateur | 2024 | 2025 (prévisions) | 2026 (prévisions) |
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Croissance du PIB réel | 6,5 % | 5,4 % | 5,3 % |
Inflation (fin de période) | 11,7 % | 7,8 % | 7,0 % |
Solde budgétaire intérieur (% PIB) | -0,8 % | -1,2 % | -0,8 % |
Solde courant (% PIB) | -3,9 % | -2,8 % | -2,4 % |
Réserves officielles (semaines d’importation) | 10,1 | 11,5 | 12,8 |
Sources : Autorités congolaises, FMI – Estimations et projections à juillet 2025.
Conclusion
Le soutien du FMI s’inscrit dans un contexte complexe où la RDC tente de concilier impératifs sécuritaires et réformes économiques. Si les fondamentaux restent solides, la réussite du programme dépendra de la capacité des autorités à maintenir le cap des réformes tout en répondant aux urgences sociales et sécuritaires.
La Rédaction
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